Congrès HLM 2025 : le logement social à la croisée des chemins


Entre attentes croissantes des locataires et incertitudes sur les futurs fonds européens, le logement social se trouve à un tournant. Le congrès HLM a mis en lumière la nécessité de concilier qualité de service, transparence et financement, un défi majeur pour l’avenir d’un modèle en pleine mutation.
Qualité de service au cœur des préoccupations
Le 85e congrès HLM, organisé à Paris du 23 au 25 septembre 2025, a mis en évidence les tensions croissantes autour du logement social. À l’heure où l’Europe prépare un plan massif de soutien au logement, bailleurs, élus et locataires ont souligné l’urgence de préserver la qualité de service dans un contexte marqué par la hausse des charges et la fragilisation des budgets.
Si les enquêtes de satisfaction révèlent un attachement fort au logement social, elles relèvent aussi des motifs récurrents d’insatisfaction, en particulier sur la réactivité des bailleurs, la communication avec les locataires et la sécurité des résidences. Pierre-François Gouiffes, président de la commission Qualité de service de l’Union sociale pour l’habitat, a reconnu une érosion progressive de la qualité malgré les efforts engagés.
Un débat stratégique sur le logement abordable
Derrière ces constats s’est ouvert un débat plus large sur la définition même du logement abordable. L’enjeu dépasse la sémantique puisqu’il conditionnera l’accès aux financements européens attendus l’an prochain. Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, a rappelé l’importance de maintenir un modèle centré sur les ménages modestes et de ne pas diluer le logement social dans une offre élargie.
À l’inverse, d’autres acteurs comme Valérie Fournier, présidente de la fédération des entreprises sociales pour l’habitat, défendent une approche intégrant le logement intermédiaire dans un parcours résidentiel global, allant du logement social au premier achat immobilier, notamment via le crédit immobilier.
La Banque des Territoires, partenaire historique du secteur, observe également que l’équilibre entre logement social et logement intermédiaire sera déterminant pour capter les aides européennes. Car si le logement locatif intermédiaire vise les classes moyennes avec des loyers plafonnés en deçà du marché privé, l’USH redoute que son développement détourne une partie des fonds au détriment des plus fragiles.
Charges, proximité et confiance des locataires
Les locataires, eux, expriment une demande forte de transparence sur les charges, dont la hausse alimente la méfiance. Selon la Confédération sociale des familles, l’accès limité aux factures et aux contrats complique encore la relation avec les bailleurs. Pour de nombreux élus, la réponse passe par un retour à la proximité. Gilles Leproust, maire d’Allonnes et président de Ville & Banlieue, a rappelé l’importance du contact humain, autrefois incarné par les gardiens d’immeubles, et plaidé pour réinventer des métiers de terrain afin de recréer du lien.
Certaines initiatives locales montrent la voie. Terres d’Armor Habitat, présidé par Gaëlle Routier, a lancé une agence mobile pour aller directement à la rencontre des habitants et renforcer l’accompagnement. Un effort salué, qui illustre la volonté du secteur de maintenir la confiance des locataires dans un modèle HLM en pleine mutation.