Incidents de paiement : les ménages actifs et plus jeunes en première ligne


Après avoir marqué le pas durant la crise sanitaire, les incidents de paiement repartent à la hausse. Portée par l’inflation, la tendance touche surtout les crédits à la consommation et les découverts. Des budgets fragilisés, des remboursements plus difficiles et parfois de nouveaux emprunts pour boucler les fins de mois.
Inflation et hausse du surendettement
Depuis 2022, les incidents de paiement repartent à la hausse, touchant surtout les crédits à la consommation et les découverts. L’inflation de 2022-2023 a fragilisé les budgets modestes, réduisant leur capacité de remboursement et poussant certaines familles à s’endetter de nouveau pour couvrir leurs dépenses courantes.
La hausse des dépôts de dossiers de surendettement met fin à une tendance baissière amorcée en 2014 avec la loi Lagarde, qui avait encadré strictement les crédits à la consommation. La crise sanitaire avait temporairement accentué ce recul : confinements, aides publiques massives, autant de facteurs qui ont soutenu la trésorerie des ménages et freiné le dépôt des dossiers.
Selon la Banque de France, 41 % des déposants indiquent que l’aggravation de leurs difficultés financières est la principale raison de leur démarche. Les problèmes sont récents pour un tiers, datent d’un à deux ans pour un autre tiers et remontent à plus de deux ans pour le dernier tiers.
Endettement et incidents de paiement : chiffres clés
Plus de 900 000 personnes figurent aujourd’hui au FICP, pour un total de 1,4 million d’incidents de paiement. Les crédits à la consommation représentent 76 % des cas, avec une majorité de prêts personnels et de crédits renouvelables. Les prêts immobiliers ne constituent que 6 % des incidents. Après plusieurs années de stabilité, les défauts de remboursement ont fortement augmenté depuis 2022, dépassant les niveaux enregistrés entre 2016 et 2023.
Parmi les 148 000 déposants d’un dossier de surendettement, 58 % figuraient déjà au FICP pour un ou plusieurs incidents survenus depuis 2016. Les 42 % restants n’étaient pas inscrits au fichier, même si la majorité avait déjà contracté des crédits et les avait remboursés intégralement avant le dépôt de leur dossier. Un tiers de ce groupe ne possédait aucun crédit et était endetté uniquement en raison d’impayés sur charges courantes ou autres dettes.
Les déposants avec incidents : plus jeunes et actifs
Près d’un cinquième des incidents apparaissent l’année même du dépôt de dossier, et 17 % l’année précédente. La majorité des incidents sont antérieurs à 2023, avec une proportion stable autour de 8 % depuis 2021. En moyenne, les inscrits au FICP présentent deux incidents, un chiffre presque doublé chez ceux qui déposent un dossier récemment.
Les déposants avec incidents sont plus jeunes (45 ans contre 50 ans) et plus souvent actifs (65 % contre 54 %). Ils disposent de revenus plus élevés, d’un endettement médian plus important et recourent davantage au crédit bancaire.
La grande majorité (86 %) détenait au moins un crédit, contre 63 % chez ceux sans incident préalable. À l’inverse, ces derniers présentent plus souvent des dettes liées aux charges courantes (37 % contre 14 %).
