Patrimoine, pensions et pauvreté : le défi des retraités face à la précarité


Alors que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté frôle les dix millions en France, les retraités apparaissent légèrement moins exposés que le reste de la population. Cette relative protection ne tient pas tant au niveau des pensions qu’à l’importance du patrimoine accumulé au fil des années, notamment immobilier.
En 2025, selon le dernier rapport de l’Insee, un retraité sur dix dispose de revenus inférieurs à 1217 € par mois. Dans un contexte économique tendu, c’est souvent la valeur du logement possédé qui permet d’éviter le basculement dans la précarité.
Les retraités face à la pauvreté : un tableau contrasté
La pauvreté atteint un niveau historique en France. Dans son rapport l’Insee dévoile que près de 9,8 millions de personnes vivaient avec moins de 1288 € par mois en 2023, soit en dessous de 60?% du revenu médian. Ce seuil a été franchi par 650 000 personnes supplémentaires en un an, portant le taux national à 15,4?%, son niveau le plus élevé depuis 1996.
Moins exposés que le reste de la population, les retraités ont été relativement épargnés par la hausse de la pauvreté en 2023. Leur taux n’a augmenté que de 0,3 point, contre 0,9 pour l’ensemble des Français, relève Capital. Résultat, 11,1?% d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté, contre 15,4?% au niveau national.
Cette moyenne cache toutefois de fortes inégalités. En 2025, près d’un retraité sur dix dispose de moins de 1193 € par mois, indique retraites.unsa.org, une situation qui touche plus fortement les femmes, dont les pensions restent inférieures de 27?% à celles des hommes. Parmi elles, une retraitée divorcée sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.
Revenus du patrimoine : un levier puissant pour les retraités propriétaires
En dépit d’une revalorisation des pensions inférieure à l’inflation, le niveau de vie médian des retraités a progressé plus rapidement que celui de l’ensemble de la population en 2024, avec une hausse de 1,2 % contre 0,9 %, d’après les données publiées par l’Insee. Cette dynamique s’explique en partie par la hausse des retraites complémentaires Agirc-Arrco, revalorisées de 4,9 % en novembre 2023 après une augmentation de 5,1 % en 2022, mais surtout par la montée en puissance des revenus du patrimoine.
La hausse des taux d’intérêt a renforcé les revenus d’épargne des retraités, notamment parmi les 72 % qui sont propriétaires, avec un patrimoine moyen compris entre 210 000 et 260 000 €. Toutefois, les inégalités persistent, notamment en fonction des carrières et du genre.
Restructuration d’emprunts : adapter son budget à la retraite
Pour compenser cette faiblesse structurelle des pensions, le patrimoine joue un rôle de filet de sécurité. Les retraités propriétaires disposent souvent de plusieurs centaines de milliers d’euros en valeur nette, qu’ils peuvent mobiliser à travers des dispositifs comme le rachat de crédit ou le crédit hypothécaire viager.
En restructurant leurs emprunts, les séniors peuvent par ailleurs alléger leurs charges mensuelles et ainsi mieux adapter leur budget à leur nouvelle situation financière. Ce recours, qui par ailleurs allonge la durée de remboursement et engendre un coût total plus important, s’inscrit dans une logique plus large où le patrimoine, notamment immobilier, compense une pension parfois insuffisante.
