10,1 % des Français sont en situation de précarité énergétique
Selon le tableau de bord de la précarité énergétique publié en novembre 2025 par l’ONPE, la précarité énergétique touche toujours plus de foyers français.
Une situation en trompe-l’œil : stabilité des chiffres mais aggravation des ressentis
En 2023, le taux de précarité énergétique officiel est resté stable à 10,1 % selon l’indicateur TEE_3D. Mais derrière cette apparente stabilité se cache une réalité plus dure : près d’un tiers des Français (35 %) ont eu froid chez eux pendant au moins 24 heures l’hiver dernier et 49 % ont souffert de la chaleur l’été. Parmi les bénéficiaires du Chèque énergie, ces proportions s’envolent à 59 % et 64 %.
Ces difficultés s’expliquent d’abord par le coût de l’énergie. En 2024, 3,1 millions de ménages à bas revenus ont consacré plus de 8 % de leurs ressources au chauffage. 1,2 million de foyers ont donc subi une intervention de leur fournisseur pour cause d’impayés, un chiffre en forte hausse.
Et avec un taux de pauvreté à 15,4 % (au plus haut depuis 1996), c’est tout l’équilibre budgétaire de millions de familles qui vacille. En effet, ce sont justement ces mêmes ménages modestes qui sont les plus exposés au surendettement : en 2024, d’après la Banque de France, près de 7 sur 10 des surendettés disposent de ressources inférieures ou égales au SMIC et 59 % vivent sous le seuil de pauvreté. Les dettes liées aux charges courantes (dont l’énergie) sont présentes dans plus de 76 % des dossiers.
Aides publiques : un bouclier trop fin face à la réalité
Certes, les politiques publiques ont amorti le choc. En 2024, 4,5 millions de ménages ont utilisé leur chèque énergie et 160 000 foyers ont été soutenus par le Fonds de Solidarité Logement. Plus de 80 000 rénovations performantes ont été accompagnées par MaPrimeRénov’ en 2024, mais les rénovations simples sont en chute libre (- 51 %). Et surtout, 36 % des Français ont eu du mal à payer leurs factures, avec des pics chez les plus jeunes et les travailleurs précaires.
La dimension sociale s’aggrave aussi. 13 % des Français vivent en situation de privation matérielle et sociale, un taux trois fois plus élevé que dans le parc social. Près d’un Français sur dix est aujourd’hui concerné par la « vulnérabilité mobilité » : un cumul explosif entre logement mal isolé, distances longues et véhicules vieillissants.
